GUIDE DE L’ORTHOGRAPHE SAHNGO

                                    par Marcel Diki-Kidiri

 

 

 

                                       Copyright : YSB Sahngo 2006. Document de travail




TABLE DES MATIERES



  1. L’ALPHABET SAHNGO

1.1. Les sons simples

11.1. L’alphabet sahngo

L’alphabet sahngo contient 23 lettres de base qui sont :

a

b

d

e

f

g

h

i

j

k

l

m

n

o

p

r

s

t

u

v

w

y

z


Ces lettres portent chacune un nom en sahngo qui permet d’épeler les mots de la langue. Comme dans beaucoup de langues, les noms des lettres ne sont pas forcément les sons qu’elles peuvent représenter. Il ne faut pas confondre les noms des lettres et les sons qu’elles représentent même si la ressemblance semble très forte comme dans les cas simples ci-dessus.

Lettres

Noms des lettres

Sons

Lettres

Noms des lettres

Sons

a

âa


[a]

n

êni

prononcé : éni

[n]

b

bêe

prononcé : bée

[b]

o

ôo


[o]

d

dêe

prononcé : dée

[d]

p

pêe

prononcé : pée

[p]

e

êe

prononcé : ée

[e]

r

êre

prononcé : éré

[r]

f

fêe

prononcé : fée

[f]

s

êsi

prononcé : éssi

[s]

g

gâa

toujours dur

[g]

t

têe

prononcé : tée

[t]

h

hâsi

prononcé : hâssi (très faiblement aspiré)

[h]

u

ûu

prononcé :ou

[u]

i

îi


[i]





j

jîi


[ž]

v

vêe

prononcé :vée

[v]

k

kâa


[k]

w

wêe

prononcé ouée

[w]

l

êle

prononcé : élé

[l]

y

yêe

prononcé : yée

[y]

m

êmo

prononcé : émo

[m]

z

zêe

prononcé : zée

[z]

Les lettres suivantes c, q, x ne font pas partie de l’alphabet sahngo, mais elles ont reçu un nom en sahngo pour qu’on puisse les épeler dans les noms propres étrangers :

c = sée

q = kâfa

,x = kîsi.

A part la lettre /j/ qui n’intervient que dans l’écriture des sons complexes, les 22 autres lettres de l’alphabet sahngo représentent, chacune, un son simple de la langue sahngo très proche de leur nom. En plus de représenter un son particulier, ces lettres peuvent donner des informations supplémentaires sur la prononciation des mots. Nous préciserons cela ultérieurement.

11.2. Les consonnes simples

Les lettres suivantes notent des consonnes simples quand elles sont utilisées seules :

b

d

f

g

h

k

l

m

n

p

r

s

t

v

v

w

y

z

A noter que /w/ et /y/ sont des consonnes à part entière quand ils sont en début de syllabe. Autrement, ils fonctionnent comme voyelles quand ils sont en fin de syllabe ou après une consonne.

11.3. Les voyelles simples

Les lettres suivantes notent les voyelles simples, dites orales : i    e     a      o     u.

 

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1. 2. Les sons complexes.

Pour écrire certains sons du sahngo, il est nécessaire de grouper deux ou trois lettres que l’on traite comme un seul symbole (une seule consonne ou une seule voyelle). On les prononce d’une seule émission de voix comme une lettre simple. On y distingue aussi les consonnes et les voyelles. En voici la liste :

12.1. Les consonnes complexes

gb

prononcé comme dans rugby ;

gbâ paquet, gbogbo lit

kp

prononcé comme dans chaqu’part ;

kpo piquer, sakpä panier

ny

prononcé comme gn dans campagne ;

nyama animal, nye quoi ?

dj

prononcé comme dans adjectif ;

djö s’accroupir sur les talons

tj

prononcé comme dans tchèque ;

kpâtjâ totalement ivre.

sh

Prononcé comme dans choux

shêge affreux, extraordinnaire

Les consonnes suivantes commencent par une nasale qu’il ne faut jamais prononcer séparément même en début de mot. Il faut au contraire prononcer le tout d’une seule émission de voix, comme s’il s’agissait d’une seule lettre notant un seul son.

mb

prononcé comme dans ba’mbou ;

mbï je, kâmba corde

mv

prononcé comme dans envie ;

mvene mensonge

nd

prononcé comme ama’nde ;

ndo endroit, ndâ fondement

ng

prononcé comme dans ma’ngue ;

ngâ aussi, mânga tabac

ngb

prononcé comme dans hang’bal ;

ngbâ rester, ngbangbo cent

nz

prononcé comme dans pa’nzani ;

nzere être bon, nzâ corne

12.2. Les voyelles complexes

Le sahngo reconnaît cinq voyelles nasales correspondant aux cinq voyelles orales simples vues plus haut. Les voyelles nasales s’écrivent avec un N postposé, comme suit.

in prononcé comme un vrai i mais avec le nez, et non pas du tout comme in de vin ;
iin oui, sîin être abjecte, siîn abusivement.

un prononcé comme un vrai ou mais dans le nez, et non pas du tout comme l’article un du français ; fün puer

on prononcé comme dans on ; :hôn nez, hön passer

en prononcé comme ein de teint ; wên fer, sen mauvais (odeur)

an prononcé comme dans an (année) ; pan abondant et accessible.

12.3. Les voyelles allongées

A noter que dans certains mots expressifs, une voyelle orale ou nasale peut être allongée. Elle est alors écrite avec la partie orale dédoublée, voire triplée comme ceci :

Voyelle orale dédoublée

ee

yeeke

doucement

Voyelle orale triplée

iii

ngbiii

très longuement, très longtemps

Voyelle nasale dédoublée

aan

paan

abondant et accessible partout

Dans certains mots, les voyelles peuvent être dédoublées sans allongement, surtout quand elles portent un ton modulée (Voir paragraphe 31.2 plus loin).

 

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2. LA SYLLABE

2.1. La syllabe simple

21.1. La syllabe ouverte

La syllabe typique sahngo est formée soit d’une voyelle seule, V, soit d’une consonne suivie d’une voyelle, CV. La voyelle peut être nasale ou orale, allongée ou non, elle représente toujours une seule voyelle V. De même la consonne peut être simple ou complexe, elle représente toujours une seule consonne C.

Exemples :

V

ë

nous,

a

on, il (pronoms impersonnels)


iin

oui

ên-ën

non (2 syllabes V-V )

CV

ba

courber,

bâa

voir,


ngbâa

esclave,

kpön

savon,


gän

tailler,

gbeên

(sorte de) légume..

21.2. La syllabe fermée

Les modèles de syllabe qui finissent par une consonne, comme VC, CVC, sont très rares. On les rencontre dans quelques rares adverbes expressifs ou dans des mots empruntés comme :

VC

us, us, us!

cri pour appeler les poules

algombo

petite courge (3 syllabes : VC-CV-CV)

CVC

rêk

coûte que coûte

tîlîp

d’un bond! (2 syllabes : CV-CVC)

CVr

bâar

bar

gâar

gare

 

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2.2. La syllabe complexe

22.1. La syllabe à groupe de consonnes Cr et Cl

Ce sont les syllabes qui commencent par un groupe de consonnes tel que CrV, ClV. Les groupes de consonnes qui apparaissent ici ne constituent pas une seule unité comme pour les consonnes complexes décrits plus haut, mais il s’agit bien de consonnes distinctes. Entre deux voyelles, les consonnes /r/ et /l/ ont tendance à réduire les voyelles qui les précèdent jusqu’à les faire disparaître. Ainsi, /ködörö/ « pays » est couramment prononcé /ködrö/, et /mbâsâmbâlâ/ « sept » est d’abord devenu /mbâlâmbâlâ/ puis /mbrâmbrâ/. L’apparition des groupes de type /Cr/ et Cl/ est renforcée par les mots empruntés au français comme Afrîka, eglîzi, drapöo « Afrique, église, drapeau ». Voici la liste des groupes de consonnes jusqu’à présent :

br

brodegë

brodequin

kl

kliyäan

client

dr

drapöo

drapeau

kr

kretïen

chrétien

fr

Afrîka

Afrique

mbr

mbrâmbrâ

sept

gr

grupumäa

groupement

pr

premma

bébé prématuré

gl

eglîzi

église

tr

mêtre

mètre, maître

gbr

gbâgbru

subitement

vr

vru

jeté en vrac (adverbe)

22.2. La syllabe à groupe de voyelles CVV

Lorsqu’on a une consonne suivie de deux voyelles différentes V1 et V2 comme dans les mots kîo racler, kua travail, mâi évoluer, ndaû accident, les deux voyelles se combinent pour constituer une seule syllabe complexe CVV. Le plus souvent l’une des deux voyelles est un /i/ ou un /u/ comme dans les exemples ci-dessus. Mais parfois, c’est un /e/ ou un /o/ comme dans ndao forge, meambe (variante miombe) huit.

Voici les combinaisons de voyelles attestées dans les syllabes à groupes de voyelles CVV :

ia

bîanî

assurément

ai

kâi

cesser

io

kîo

racler

oi

goigôi

paresse

iu

kiû

piqué vivement

ui

kûi

mourir

ua

kua

travail

au

ndaû

accident

ue

gue

aller

-

-

-

ea

meambe

huit

ae

ae (variante : âi)

Aïe !

oa

koakoara

flèche

ao

ndao

forge

A noter que les groupes de voyelles ei, ie, eu, uo, ou ne sont pas attestés aujourd’hui, mais peuvent très bien apparaître un jour dans un mot rare ou dans un emprunt. Si cela devait arriver, cela ne ferait que renforcer l’importance des syllabes de type CVV dans la langue. Pour le moment, ces groupes de voyelles ne sont pas attestés.

Il est important de souligner que la syllabe à groupe de voyelles CVV n’est valable que dans des mots où le rapprochement des deux voyelles n’est pas le résultat d’une composition. En effet, dans un mot composé comme Bêafrîka, la première syllabe n’est pas bêa- mais bê-, parce que ce mot est composé de et de Afrîka. Le découpage du mot en syllabes est donc comme ceci : bê-a-frî-ka soit CV-V-CrV-CV. Par contre, dans un mot composé comme pialö projet, le découpage en syllabe est bien pia-lö soit CVV-CV. Pour éviter de confondre ces deux types de situations et faciliter le découpage correct des mots à la césure, il est préférable de séparer par un trait d’union les voyelles rapprochées qui appartiennent originellement à deux mots distincts, comme le montre les exemples du tableau suivant :

Orthographe recommandée

Notation déconseillée


Bê-Afrîka
Bêafrîka

Centrafrique

Wabê-Afrîka

Wabêafrîka

Centrafricain

lêgö-ôko

lêgëôko

ensemble, en même temps

bê-ôko

bêôko

unis

balë-ôko

balëôko

dix

balë-ûse

balëûse

vingt

balë-otâ

balëotâ

trente

balë-usyo

balëusyo

quarante

balë-okü

balëokü

cinquante

balë-omenë

balëomenë

soixante

Cette recommandation est particulièrement importante dans les cas où les deux voyelles rapprochées ont le même ton (haut ou moyen) comme dans bê-ôko, car, dans un traitement automatique par ordinateur, sans le trait d’union, elles risquent d’être traitées par erreur comme des voyelles d’une syllabe CVV auxquelles s’appliquent les règles contextuelles RC1. (Voir 3.2. plus loin). Dans le cas de Bê-Afrîka et Wabê-Afrîka, il n’y a aucun risque de se tromper dans le découpage en syllabes ni dans le traitement informatique si on les écrivait Bêafrîka et Wabêafrîka respectivement. C’est simplement pour ne pas en faire des cas particuliers que le trait d’union est ici recommandé. Il faudrait voir à l’usage s’il n’est pas préférable de les écrire en un seul bloc.

 

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2.3. Combinaison de syllabes

Bien que les mots à une seule syllabes soient nombreux en sahngo, tous les types de syllabes peuvent se combiner pour donner des mots à deux, trois, quatre et cinq syllabes. Exemples :

V

ë

nous

ï

vous

a

ils, on

CV

jour

mbï

moi

ge

ici

CVV

hîo

vite,

sâi

thé,

gue

partir,

VCV

otâ

trois,

ôke

combien,

îtä

frère, sœur,

CVVCV

bîanî

vraiment

bôingû

teigne

bîakü

aussitôt

CVCV

babâ

père,

kangba

adulte,

bübä

idiot,

CVCVCV

kamâta

saisir

singîla

remercier

bäkongö

tortue

CVCVCVCV

motarâka

menu

mondelepâko

manioc doux

îsirîkate

interj. de rejet

Etc…

Cette liste n’épuise absolument pas toutes les possibilités de combinaisons entre les types de syllabes. Il faut cependant noter que les syllabes fermées (qui finissent par une consonne autre que le N des voyelles nasales) sont extrêmement rares dans un mot à plusieurs syllabes. Seul la syllabe CVr (fermée par /r/) apparaît dans l’interjection baarzegë qui exprime un rejet de propos dont on ne veut pas entendre parler. La structure syllabique de cette interjection est : CVrCVCV. La première voyelle /a/ est ici allongée pour marquer le refus catégorique. C’est un allongement expressif comme dans yeeke tou doucement, (à ne pas confondre avec yeke être).

 

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2.4. La césure

Lorsqu’à la fin d’une ligne on doit couper un mot trop long pour le continuer sur la ligne ou la page suivante, on appelle cela une césure. La césure intervient toujours entre deux syllabes. Elle ne doit jamais séparer les éléments constitutifs d’une syllabe complexe : voyelles allongées, voyelles complexes, groupe de voyelles, groupe de consonnes, consonnes complexes.

Exemples :

Mots

Césures possibles

Sens

kpangbara

kpa-ngba-ra

matchette

bôingû

bôi-ngû

teigne

motarâka

mo-ta-râ-ka

menu

Îtä-wâlï

i-tä-wâ-lï

soeur

gbyânngbi

gbyân-ngbi

modifier, changer, convertir

Remarque : Lorsqu’une consonne tonale est ajoutée à la fin de la première syllabe d’un mot à plusieurs syllabes, la césure se fait toujours après la consonne tonale, car celle-ci fait partie de la première syllabe (Voir la section 33.1 plus loin)..

 

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3. LES TONS

Quand on parle en sahngo, chaque syllabe est prononcée sur une hauteur de voix particulière qui est son ton. Celui-ci peut être haut, moyen ou bas. On dit alors que le ton est ponctuel. Il peut être une combinaison quelconque des trois, soit : haut-bas, bas-haut, haut-moyen, bas-moyen ou encore moyen-bas, moyen-haut. On dit alors que le ton est modulé.

Les tons sont notés dans l »orthographe réformée en appliquant trois ensembles de règles. Le premier ensemble de règles sont les règles de base (RB). Le deuxième ensemble de règles sont les règles contextuelles (RC1) qui ne s’appliquent qu’aux syllabes CVV ayant deux tons haut ou deux tons moyens sur les voyelles. Le troisième ensemble de règles sont des règles contextuelles (RC2) qui ne s’appliquent qu’aux mots à plusieurs syllabes ayant le même ton haut ou moyen sur plusieurs syllabes successives. Les règles RB s’appliquent automatiquement par défaut quand les deux autres ensembles de règles ne s’appliquent pas. Nous reprenons tout cela en détail dans les pages qui suivent. Tout d’abord, examinons les règes de base (RB).

 

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3.1. Les règles de base (RB)

31.1. Les tons ponctuels

Le ton haut est noté par un accent circonflexe sur la voyelle. Par exemple, /â/ représente une voyelle A prononcée sur une note haute, donc un ton haut. Le ton moyen est noté par un tréma. Ainsi, /ä/ représente une voyelle A prononcée sur une note moyenne, c’est-à-dire, ni haute ni basse. Enfin, par économie, le ton bas, qui est le plus fréquent, n’est pas noté par un accent. Les voyelles sans accents se lisent donc automatiquement sur une note basse. Dans les exemples qui suivent, chaque syllabe porte un ton ponctuel haut (H), moyen(M), ou bas(B).

H

là-bas

prendre

chose

M

plaie

cicatriser

venir

B

ka

et, mais

mo

toi, tu, te

ge

ici

H H

gbâkâ

géant

tâkâ

antique

kôngbâ

bagage

H B

pâsi

souffrance

sâra

faire

hînga

savoir

H M

wâlï

femme

kôlï

homme

hîngö

sel

B H

otâ

trois

mamâ

mère

babâ

père

B M

ndembö

ballon

ngendë

chaise

bolë

haricot

B B

mvene

mensonge

tene

parler, dire

nyama

animal

M H

ndöbê

(le) dessus

ngälâ

tempe

bürâ

tromperie

M B

mbäli

dimension

ngönze

halo, reflet

kpëli

cerveau

31.2. Les tons modulés

Les tons modulés sont une combinaison de deux tons ponctuels quelconques sur une même voyelle. Pour les noter, en sahngo, on dédouble la voyelle. Par exemple, si la voyelle A porte un ton modulé haut-bas, on l’écrit âa. La première voyelle du dédoublement porte le ton haut requis, et la deuxième voyelle porte le ton bas requis pour former le ton modulé haut-bas. Les voyelles dédoublées ne sont pas allongées dans la prononciation.

HB

bâa

voir,

sêe

être amer,

sôo

sauver

BH

kpoô

sans vergogne

laâ

c’est

taâ

vrai

La plupart des emprunts au français présentent une syllabe finale avec un ton modulé haut-bas pour les verbes et moyen-bas pour les noms.

fotôo

photographier

fotöo

photographie

balêe

balayer

balëe

balai

abonêe

(s’) abonner

abonëe

un abonné

marakêe

marquer

mazïi

magie

kolêe

coller

berëe

béret

pinîi

punir

pinëe

pneu

Lorsque les voyelles nasales portent un ton modulé, le N de nasalisation suit la partie vocalique dédoublée. Ainsi, on écrit :

âan pour représenter un a nasal avec ton modulé haut-bas,

öon pour représenter un o nasal avec ton modulé moyen-bas,

eên pour représenter un ton modulé avec ton bas-haut, etc.

Exemples :

savöon

savon,

diamäan

diamant,

tâan

temps, tant

fêen

odeur

gbeên

légume sp.

sîin

être abjecte

Avec les règles de base les accents (tréma et circonflexe) ont une fréquence élevée (57%) et sont donc très nombreux dans un texte, même si on économise déjà 43% des accents en notant le ton bas sans accent. C’est pourquoi la réforme orthographique propose des règles complémentaires, les règles contextuelles RC1 et RC2, qui permettent de réduire fortement le nombre des accents dans un texte. Elles ne s’appliquent que dans certains contextes bien précis.

 

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3.2. Les règles contextuelles du premier groupe RC1

Elles ne s’appliquent qu’aux syllabes à groupes de voyelles CVV (voir la section 22.2 plus haut) dans lesquelles les deux voyelles ont le même ton haut ou moyen.

A). Lorsque les deux voyelles d’une syllabe CVV portent toutes les deux un ton haut ou un ton moyen,

  1. la voyelle la plus fermée est remplacée par /y/ s’il s’agit d’un /i/ ou d’un /e/, et par /w/ s’il s’agit d’un /u/ ou d’un /o/ ;

  2. si les deux voyelles sont /i/ et /u/, c’est la première dans la syllabe CVV (donc celle qui suit immédiatement la consonne) qui est remplacée.

  3. en cas de ton haut, l’autre voyelle conserve le ton haut marqué par un accent circonflexe ;

  4. en cas de ton moyen, le tréma n’est plus nécessaire pour marquer le ton moyen car la simple présence de /y/ ou de /w/ dans ce contexte suffit à l’indiquer.

B). Les voyelles restent inchangées lorsque les deux tons portés sont bas ou différents l’un de l’autre.

Exemples :

2 tons hauts

kûâ > kwâ

mort

kâî > kây

pagaie

gûî > gwî

igname

2 tons moyens

küä > kwa

poil

kïön > kyon

égoïsme

bäö > baw

python

2 tons bas
et autres cas

kua

travail

koi

unique

gue

aller

kuä

copain

kâi

cesser

kûi

mourir

 

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3.3. Les règles contextuelles du deuxièmes groupe (RC2)

Elles ne s’appliquent qu’aux syllabes portant une suite de tons identiques hauts ou moyens à l’intérieur d’un mot. Toutes les syllabes qui précèdent ou qui suivent une suite tonale ne sont pas concernées par ces règles tant qu’elles ne forment pas une autre suite tonale.

33.1. Les règles générales des suites tonales

Lorsque plusieurs syllabes successives portent le même ton haut ou moyen, plutôt que d’écrire chacun des tons avec des accents circonflexes ou des trémas, il est bien plus économique d’indiquer seulement le début et la fin de la suite avec les règles suivantes :

  1. Le début de la suite tonale est indiquée par un /h/ appelé « H tonal » inséré à la fin de la première syllabe de la suite tonale, lorsque la deuxième syllabe commence par une consonne complexe (cf. section 12.1).

Exemples :

sängö

>

sahngo

la langue sahngo


sêndâyângâ

>

sêhndayanga

linguistique

  1. Lorsque la deuxième syllabe commence par une consonne simple (cf. section 11.2), le début de la suite tonale est indiquée par le redoublement de cette consonne.

Exemples :

täsëmä

>

tassema

classe, rangéee


târâwârâ

>

târrawara

transparent

  1. La fin de la suite tonale est marquée soit par la fin du mot, soit par un trait d’union, soit par un accent tonal (circonflexe ou tréma).

Exemples

mbëtï

>

mbetti

papier, écrit


hïngängö-ndo

>

hihngango-ndo

culture


töndörözôro

>

tohndorozôro

teinture d’iode

  1. Lorsqu’une suite tonale de tons hauts ou moyens arrive sur un ton bas, le ton de la dernière syllabe de la suite tonale qui précède le ton bas est marqué afin de préserver le ton bas qui suit.

Exemples :

afürükpa

>

afurrükpa

petite courge de la rdc


sêndâto

>

sêndâto

macchémologie

  1. En cas de césure, la coupure se fait après le /h/ tonal ou entre la consonne dédoublée. Ainsi, lorsque le lecteur arrive en fin de ligne, le /h/ l’informe que la ligne ou la page suivante commence par une consonne complexe. Et si c’est c’est une consonne simple (différente du /n/ des voyelles nasales) qui se trouve devant la césure, alors le lecteur sait que la ligne ou la page suivante commence par une consonne simple ou un groupe de consonne de type Cr, Cl.

Exemples :

ngbehnda

>

ngbeh-nda

bouteille


porro

>

por-ro

chaussure


koddoro

>

kod-do-ro

pays, village


koddro

>

kod-dro

Les groupes de consonnes Cr et Cl ne représentent pas des sons uniques en sahngo comme c’est le cas pour les consonnes complexes notées avec plusieurs lettres. C’est pourquoi, il est possible de dédoubler la consonne devant le /r/ ou le /l/ en tant que consonne simple.

33.2. Les règles particulières de la suite tonale à tons moyens

  1. Dans une suite tonale à tons moyens, l’application des règles générales ci-dessus (à l’exception du point 4) supprime tous les trémas dès la première syllabe de la suite, que celle-ci soit de type V , CV ou CrV.

Exemples :

äbönëngö-terê

>

abbonengo-terê

action de s’abonner


prëmä

>

premma

bébé prématuré


kpëngbërë

>

kpehngbere

aire latéritique

  1. La totalité des règles générales ci-dessus (y compris le point 4) s’appliquent à la suite tonale à tons moyens dès qu’elle concerne deux syllabes.

Exemples :

tënë

>

tenne

parole


löndö

>

lohndo

se lever

33.3. Les règles particulières de la suite tonale à tons hauts

  1. Lorsqu’on applique les règles générales des suites tonales aux suites à tons hauts, la première syllabe de la suite garde toujours son accent circonflexe. Sans cela, la suite serait interprétée comme à tons moyens.

Exemples :

mbîrîmbîrî

>

mbîrrimbiri

correctement


kpângbâlâ

>

kpâhngbala

plat

  1. Les règles générales des suites tonales ne s’appliquent aux suites tonales à tons hauts qu’à partir de trois syllabes.

Exemples :

mbâsâmbâlâ

>

mbâssambala

sept


mbrâmbrâ

>

mbrâmbrâ

sept


kêtê

>

kêtê

petit


mbênî

>

mbênî

un autre, un certain

 

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3.4. La hiérarchie des règles tonales RB, RC1 et RC2

  1. Les règles de base (RB) s’appliquent toujours par défaut quand le contexte ne nécessite pas l’application des règles contextuelles RC1 et RC2.

Exemples :

tambûla

marcher, marche

pûpûlenge

papillon


walombë

héros, champion

dâwa

prêche


goigôi

parese

ngâsi

éternuer

  1. Lorsqu’un mot contient une combinaison de plusieurs types de syllabes dont au moins une syllabe de type CVV (cf. section 2.3 plus haut) et qu’une suite tonale recouvre la syllabe CVV et au moins une des syllabes voisines, on applique d’abord les règles RC1 à la syllabe CVV et ensuite on applique les règles RC2 à la suite tonale toute entière.

Exemples :

RB


RC1


RC2


CVVCV

mäïngö

>

mayngö

>

mayhngo

développement

CVCVV

tögbïä

>

gbya

>

tohgbya

chef supprême

CVVCVCV

sïökpärï

>

syokpärï

>

syohkpari

péché

CVVCVCVCV

sïöngänhözo

>

syongänhözo

>

syohnganhözo

pandémie

 

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3.5. Les règles complémentaires spécifiques

35.1. Les préfixes à ton haut

Les règles contextuelles RC1 et RC2 ne s’appliquent pas au préfixe â- du pluriel des noms, ni au pronom impersonnel â- préfixé au verbe comme indice sujet au virtuel. On écrira donc âîtä « frères, sœurs », et âmbôrô « resterait en rade » comme dans l’exemple suivant :

Exemple :

Kôngbâ tî âîtä nî âmbôrô ânde na lêgë tôngana kutukutu nî akûi.

Les marchandises des frères risquent de rester en rade en chemin si le camion tombe en panne.

35.2. Le participe des verbes monosyllabiques à ton modulé

Beaucoup de verbes monosyllabiques se distinguent uniquement par leurs tons d’autres verbes à tons ponctuels ayant la même consonne et la même voyelle. Par exemples :

Ton modulé


Ton ponctuel


Participe ora ambigü

bâa

voir

ba

courber

[bängö] action de voir ou de courber

fâa

couper

fa

montrer

[fängö] action de couper ou de montrer

tôo

cuisiner

to

envoyer

[töngö] action de cuisiner oud’envoyer

Les participes de ces verbes sont identiques à l'oral, comme on peut le voir dans le exemples ci-dessus. A l’oral, on peut plus facilement s’aider de la situation et du contexte pour sélectionner automatiquement le bon sens. A l’écrit, ce n’est pas du tout facile de lever l’ambiguïté si on ne distingue pas formellement les deux participes. Une façon simple de le faire est de conserver dans le participe la double voyelle des verbes monosyllabiques à ton modulé. Ainsi, il sera plus facile de distinguer wafaahngo-lêgë « celui qui traverse la route » de wafahngi-lêgë « elui qui montre le chemin ». On aurait donc:

bâa > baahngo

voir, voyant

ba > bahngo

courber, courbe

fâa > faahngo

couper, coupant

fa > fahngo

montrer, montrant

hâa > haahngo

essayer, essayant

hä > hahngo

ouvrir grand, ouvrant gdment

kîi > kiihngo

élire, élisant

ki > kihngo

construire, construisant

kôo > koohngo

cueillir, cueillant

kö > kohngo

germer, germant

lôo > loohngo

ramasser, ramassage

lö > lohngo

se dresser, dresé verticalement

lûu > luuhngo

louper, loupé

lü > luhngo

enterrer, enterrant

sêe > seehngo

être amer, amer

se > sehngo

assoeir, asseyant

sôo > soohngo

sauver, sauvant

so > sohngo

faire mal, pénible

tôo > toohngo

cuire, cuisant

to > tohngo

envoyer, envoyant

wôo > woohngo

faiblir, faiblissant

wo > wohngo

respirer, respirant

yôo > yoohngo

porter, portant

yo > yohngo

être long, distant / long

yûu > yuuhngo

se perdre, se perdant

yü > yuhngo

(s') habiller, (s') habillant

Par souci de simplicité, on appliquera la même règle à tous les verbes monosyllabiques à ton modulé même quand ils ne sont pas opposables à des verbes à ton ponctuel ayant la même consonne et la même voyelle. Ainsi, quand on écrit, on pourra appliquer la règle sans se poser la question de savoir s'il existe ou non un autre verbe comparable à ton ponctuel. Par exemple:

tjâa > tjaahngo

attraper , attrapant (au vol)

vîi > viihngo

verrouiller, verrouillant

zûu > zuuhngo

descendre, descendant

 

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4. TABLEAUX RECAPITULATIFS

Tableau des consonnes

Sourdes

p

f

t

s

sh

tj

k

kp

Sonores

b

v

d

z

j

dj

g

gb

Prénasaless

mb

mv

nd

nz



ng

ngb

Nasales

m


n

ny





Continues



l / r

y



h

w

Tableau des voyelles orales.

Fermées

i


u

Ouvertes

e


o

Centrale


a


Tableau des voyelles nasales.

Fermées

in


un

Ouvertes

en


on

Centrale


an


Tableau des tons.

Ton haut

â

marqué par un circonflexe sur la voyelle

Ton moyen

ä

marqué par un tréma sur la voyelle

Ton bas

a

signalé par aucune marque sur la voyelle

Tableau des tons modulés

Les tons modulés sont une combinaison des tons ponctuels sur une même voyelle orale ou nasale :

Haut-bas

âa, âan

Haut-moyen

âä, âän

Moyen-bas

äa, äan

Bas-haut

aâ, aân

Bas-moyen

aä, aän

Moyen-haut

äâ, äân


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